L’Histoire, avec un grand H
Les origines
L’architecture classique apparaît au XVIe siècle. Tout d’abord, l’objectif de ce mouvement artistique est de se détacher de l’art baroque. En effet, tandis que l’art baroque prônait l’art du too much et du never enough, le classicisme se concentre sur la simplicité et la symétrie. Il prend inspiration des édifices de l’Antiquité et de la Renaissance italienne.
L’influence de la France était si importante que les pays européens environnants s’inspirèrent des bâtisses françaises. Le bâtiment de style classique le plus célèbre est, évidemment, le château de Versailles. Originellement un pavillon de chasse, Louis XIV décide de le rénover et l’édifice devient rapidement le château que l’on connaît aujourd’hui.
Les architectes classiques
François Mansart (1598-1666): Mansart apprend les rouages du métier par son frère, Germain Gaultier, un célèbre sculpteur et architecte. Ensuite, il travaille pour le duc Phillipe d’Orléans, le frère de Louis XIV et d’autres figures importantes de son temps. Le style de Mansart comprend des volumes pyramidants et des toits écrêtés. François Mansart supervise la construction de l’hôtel de la Vrillière, l’actuel Banque de France et du château de Maisons à Maisons-Laffitte.
Philibert Delorme (1514-1570): originaire de Lyon, il fait son apprentissage en Italie pendant 3 ans. Il devient l’architecte du roi en 1548, sous le règne d’Henri II. Il édifie le tombeau de François Ier. Delorme est à la tête des travaux du château de Madrid dans le bois de Boulogne, qui sera démoli au XVIIIe siècle et la reine Catherine de Médicis le chargera de la construction du palais des Tuileries en 1564.
Pierre Lescot (1515-1578): il est introduit à la cour de François Ier assez rapidement grâce à ses talents artistiques en peinture, en dessin et en architecture. Il servira les rois de France comme architecte officiel jusqu’à sa mort.
Il est l’auteur de créations comme la fontaine des Innocents dans le 1er arrondissement de Paris, l’hôtel Carnavalet dans le 3e arrondissement et la rénovation du Louvre.
Salomon de Brosse (1565-1628): il réalise des exploits architecturaux, comme un château parfaitement symétrique quelque soit le point de vue.
Marie de Médicis le défie de reconstituer un château croisant les styles du Palais Pitti de Florence et du Palais du Luxembourg.
Il est un réel précurseur de l’architecture classique.
Les caractéristiques d’une architecture classique
Aspect extérieur
La marque de fabrique de l’architecture classique est la symétrie et une étude rationnelle des proportions comme il était fait durant l’Antiquité. Cependant, il s’agit du XVIe siècle et la finesse est très importante ainsi les lignes sont dites nobles.Elles ne sont pas aussi imposantes et régulières que sur les monuments hellénistiques.
Motifs de conception classique
Matériaux
durables
Porte
centrale
Les bâtiments sont ornés de moulures, de toits à pente moyenne, de avant-toits en boîte, d’encadrements décoratifs des portes et de frontons au-dessus de la porte d’entrée.
Les matériaux de l’architecture classique sont imputrescibles comme le marbre, le béton et la brique, ce qui leur apportent leur aspect intemporel.
Les fenêtres sont particulièrement nombreuses et grandes ce qui permet de bénéficier des rayons de soleil le plus longtemps possible.
Symétrie et proportions
Fenêtres rectangulaires
La porte est au centre du reste de la bâtisse et au centre de la symétrie de la structure architecturale.
Les bâtiments classiques sont symétriques ; les colonnes et les portes ont un espacement léger et discret.
Différences avec l’architecture néo-classique
Il est très facile de confondre art classique avec l’art NÉO-classique. L’architecture néo-classique apparaît au XVIIe siècle et est la reprise la plus flagrante des édifices antiques. L’exemple le plus parlant est le Panthéon : forme compacte et cubique, colonnes imposantes et surplombantes.
À contrario du classicisme, les bâtiments accueillent, le plus souvent, des structures religieuses ou administratives. Ce ne sont pas des habitations.
Monuments phares de l’architecture classique
L’aile Lescot du Louvre
Le roi François Ier décide en 1546 que la forteresse, édifiée par son aïeul le roi Charles V deux siècles plus tôt, doit être soumise à une rénovation totale. La renaissance italienne est au goût du jour et François Ier en est particulièrement friand. Ainsi, l’édifice en sera inspiré et c’est l’architecte Pierre Lescot qui est à la tête de ce projet. Cependant, le roi décède un an plus tard sans que les travaux n’aient même débuté.
Fort heureusement, le successeur, son fils Henri II, assure la continuation des travaux et Lescot demeure architecte royal. La mission n’est pas de tout repos car Henri II est imprévisible et exigeant, imposant des changements de dernière minute à l’architecte. C’est le cas de l’actuelle salle des Caryatides dont il doit démolir les escaliers pour les rebâtir différemment. En effet, ce changement déséquilibre toute la symétrie du bâtiment, élément essentiel de l’architecture classique.
Pour rectifier son tir, il crée 3 avant-corps : un central et deux sur les côtés. Cette partie du Louvre porte le nom de son créateur : l’aile Lescot, aussi appelée aile occidentale, est née ! Les efforts de Pierre Lescot sont très rapidement reconnus comme une expertise et une maîtrise de l’architecture classique sans égal. Elle érige l’architecture à la française au même rang que sa voisine italienne. Ce mouvement allie la symétrie et le vocabulaire architectural antique propre à l’Italie avec les caractéristiques françaises comme la façade avec 3 avant-corps et les toits en ardoise.
La place Vendôme de Jules Hardouin-Mansart
Le roi Louis XIV demande en 1686 l’édification de la “Place des Conquêtes” qui accueillera une statue équestre à son effigie. Les travaux débutent sous la direction de l’architecte Jules Hardouin-Mansart.
La place a porté plusieurs noms au fil du temps mais son nom actuel lui vient de l’hôtel particulier du duc de Vendôme. En effet, l’hôtel avait été rasé pour laisser place à la nouvelle structure, c’est pourquoi la place porte son nom.
Cette structure octogonale, au cœur de la ville de lumière, porte à partir de 1685 le nom de “Place Louis le Grand” en hommage au sculpteur de la statue du roi en cavalier qui surplombait la place jusqu’à la Révolution Française.
De plus, la structure est ouverte et une traversée coupe la place sur la rue de la Paix en 1699. En effet, le projet est abandonné et le roi revend le terrain. Le rez-de-chaussée est composé de refends et de pilastres corinthiens ; les structures sont recouvertes de toit brisé ; des lucarnes et des œils-de-bœuf illuminent les combles.
Des hôtels particuliers s’installent dans la structure rendant la place, aujourd’hui, l’une des plus prestigieuses et luxueuses du monde avec de nombreuses marques de haute couture et de renom s’y installant au cours du XXe siècle.
L’intérieur de l’architecture classique
Meubles raffinés : le style gustavien
Les moulures sont une manière esthétique de faire le lien entre les corniches et le plafond. Les imposants volumes des pièces et la hauteur sous plafond sont ainsi mis à l’honneur grâce à ces motifs délicats. Bien que ce style porte le nom d’un roi de Suède, c’est en France que ce dernier trouve son inspiration. À la cour de Louis XV à Versailles, le style rococo règne. La différence que le roi Gustave III y apporte c’est une touche simplicité dans les matières et les finitions.
En effet, il choisit une option moins onéreuse et plus accessible. Ainsi, les peintures remplacent les dorures et le coton substitue la soie. Les meubles des chaises aux commodes sont en bois et avec les pieds cannelés.
Matériaux nobles et moulures
Élégance et finesse sont les mots d’ordre du style classique. Le parquet est le revêtement de sol par excellence. Ce matériau tient sa noblesse de sa longévité et de son aspect chaleureux. C’est le parquet point de Hongrie qui préside à l’intérieur des demeures classiques. Ses origines se révèlent facilement puisqu’il porte parfois le nom de parquet des rois. Son design chevronné est unique et est obligatoirement fait sur-mesure.
Couleurs neutres et douces
Le rôle des couleurs est de souligner la noblesse du mobilier. En effet, les tons neutres ou pastels sont à. l’honneur. Ici on préfère le beige, le crème, le taupe… Les teintes ne sont pas tape-à-l’œil mais servent à sublimer les courbes des lignes et le cachet des matières.
Cependant, des couleurs sophistiqués peuvent habiller les meubles. Si utilisées par parcimonie, les couleurs vives donnent de la profondeur et de la vie à la pièce.
Tissus épais et soyeux
Le velours et la soie sont des matières douces et riches qui apportent de la chaleur à la pièce. En effet, ces tissus sont sophistiqués et étaient réservés aux personnes les plus aisées, aux nobles et aux bourgeois. Importée d’Asie par la Route de la soie, ce tissu était inestimable. Quant au velours, sa fabrication le rend luxueux puisqu’il est plus difficile à produire que le lin. Cependant, le cuir prit rapidement leur place de par sa durabilité, sa maniabilité et son élégance.
L’architecture classique en évolution constante
Les rénovations haussmanniennes
Le XIXe siècle est une période de réinvention pour la France. En effet, l’instabilité politique encourage les dirigeants multiples et successifs à faire leurs marques. L’empereur Napoléon III décide de transformer Paris du tout au tout. Il choisit le baron Georges Eugène Haussmann, qui fera sa grande rénovation de 1853 à 1870.
L’architecture classique est facilement constatée, notamment sur les façades, les toits en ardoise et le mot d’ordre des constructions : symétrie. Ainsi, les rues de la capitale deviennent spacieuses et réfléchies au centimètre près puisque toutes les façades des immeubles sont proportionnelles à la largeur de la rue. Ces structures en miroir surplombent la ville.
L’évolution de l’architecture classique au fil du temps
La simplicité et l’élégance tout en finesse de l’architecture classique ne perd absolument pas de son charme avec le temps. Bien au contraire ! Les multiples monuments de ce style ornent et habillent la ville de Paris, principalement. Leurs lignes constantes, précises et délicates sont intemporelles et font partie intégrante du patrimoine français.
Ainsi, l’architecture classique est un art s’inspirant de l’Antiquité et des modes italiennes tout en y apportant sa touche personnelle d’élégance “à la française”. Les architectes du XVIe et XVIIe siècles sont reconnus comme des artistes à part entière et des maîtres savant mettre en valeur la ville de Paris et rapidement, les grands villes de France comme Lille ou Bordeaux.