notre dame de paris

Le 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris est frappée par un violent incendie qui évolue à une vitesse inquiétante. La charpente, la toiture et surtout, l’imposante flèche s’effondrent sous les yeux pleins d’émotions des passants. Croyants ou athées, le monde entier est touché de voir ce monument historique en flammes. 

Les travaux de rénovation prennent cours de manière imminente. 4 ans plus tard, quand est-il de ce chantier qualifié comme “celui du siècle” ?

L’histoire de la cathédrale

 

Histoire et description de l’édifice 

 

La construction de Notre Dame de Paris voit le jour sous le règne de Louis VII. Initiée par l’évêque Maurice de Sully en 1163, elle perdure jusqu’en 1345. Elle est construite sur un ancien temple d’Apollon du IVe siècle. Véritable exploit architectural pour son époque, sa superficie est de 5.500 m² pour 130 mètres de longueur et 48 mètres de largeur. La façade ouest, symétrique et tripartite, est ornée d’une rosace grandiose. Les deux tours frontales s’élèvent à 69 mètres.

À l’instar de la majorité des églises, la cathédrale dessine une croix latine orientée vers Jérusalem, ville sainte chrétienne. Les éléments qui la constituent sont le reflet de leur époque respective et la rendent unique : la partie la plus ancienne, le chœur est illuminé par des vitraux du XIXe siècle.

Restauration de 1844 

 

Endommagée au fil du temps, détériorée à la Révolution Française, Notre-Dame est en piteux état quand Napoléon Bonaparte exige qu’elle accueille son sacrement en tant qu’empereur. De rapides améliorations et réparations sont apportées mais l’éclat qu’avait l’édifice 500 ans plus tôt s’est dissipé. 

L’écrivain Victor Hugo est touché par ce monument et se met à l’ouvrage : Notre-Dame de Paris est publié en 1831 et les Français sont touchés en plein cœur. De l’attention est apportée à la cathédrale et après de longues négociations, le budget nécessaire est récolté pour entamer une restauration en 1844. 

Les architectes Jean-Baptiste A. Lassus et Eugène Viollet-le-Duc sont appelés pour apporter leur savoir-faire. Ainsi, le chevet, les arcs-boutants et la sacristie (vandalisée par des opposants à la monarchie) sont rajeunis mais l’œuvre la plus grandiose de Viollet-le-Duc est sa flèche. Culminant à 96 mètres de hauteur, elle surplombe non seulement la cathédrale mais aussi l’île de la Cité. Les travaux touchent à leur fin en 1864 et Notre-Dame est resplendissante.

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L’incendie et ses conséquences 

 

L’incendie

 

Il est 18 heures 50 quand un feu est attisé dans les combles de la cathédrale. Principalement constituées de bois de chêne, les flammes se répandent aisément au cœur du bâtiment. La charpente est touchée, la toiture succombe et en tragédie, la flèche de Viollet-le-Duc lâche.

Le Président de la République Emmanuel Macron fait une annonce publique et promet qu’il fera  de la rénovation de Notre-Dame une priorité. Le feu cesse enfin à 3 heures 45, le 16 avril grâce aux efforts infatigables des pompiers. Dans la matinée, les dégâts sont évalués au milieu des vestiges encore fumants de la veille. 

 

Agir après l’incendie

 

Arrachées dans la chute de la flèche, les voûtes ont cédé et ont laissé la croisée à ciel ouvert. Pour protéger l’intérieur déjà abîmé par les flammes puis par l’eau des pompiers, un “parapluie” géant fait de bâches et de tubes d’acier est installé provisoirement. Des poussières et des particules de plomb contenues dans les peintures ont laissé des débris toxiques dans l’intégralité de la structure et le sol a été abîmé par le bois calciné. 

Une autre mesure est prise dans la soirée de l’incendie et se poursuit les jours qui suivent : 1300 œuvres d’art uniques en leur genre et indissociables de la cathédrale sont évacuées. Dans l’horreur de cet événement, un miracle subsiste puisque l’intégralité des œuvres d’art ont été épargnées. Le lendemain de l’accident, le pignon du transept nord est stabilisé après que des témoins l’aient vus chavirés.  

La restauration est donc organisée par plusieurs entreprises et le Président de la République nomme le général d’armée Jean-Louis Georgelin en représentant spécial pour s’assurer du bon déroulement des travaux. 

Les dons ne tardent pas à arriver des quatre coins du moins, chacun met de sa poche et apporte sa pierre à l’édifice.

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La sécurisation du périmètre

 

Cintrer les arcs-boutants 

 

Le rôle d’un arc-boutant est de rééquilibrer le poids créé par la voûte et la charpente avec une technique de poussée. La perte de la toiture a entraîné un bouleversement dans la répartition du poids sur les murs, les fragilisant. De mai à novembre 2019, des cintres provisoires en bois sont installés sous les arcs jusqu’à la reconstruction. Chaque arc est unique, par conséquent, les 28 cintres ont été élaborés individuellement à l’aide de relevés 3D. Un cintre de 8 tonnes est assemblé au sol, surélevé et une cale en bois appelée couchis est déposée entre le cintre et l’arc-boutant. Une tâche complexe puisqu’il n’y a que 6 mètres entre chaque arc.

 

Retirer l’échafaudage endommagé

 

L’échafaudage qui entouré la cathédrale lors du drame a sauvé une partie de la bâtisse mais il commence à desservir puisque son poids fait défaut et appuie sur les pans de la croisée, lieu de rencontre entre la nef et le transept. 

En juin 2020, un travail minutieux débute et demande une grande précision et précaution de la part des ouvriers. Des capteurs sont posés pour détecter tout mouvement et un ceinturage est créé pour assurer la tenue de l’échafaudage. En effet, le risque est l’effondrement du squelette de fer sur la cathédrale ou sur les appartements en périphérie de Notre-Dame. Il faut faire appel à des cordistes pour accéder aux parties les plus inatteignables et pour enlever certaines parties de l’ancienne armature. La mission des cordistes complète, les échafaudeurs peuvent prendre la relève mi-août. 

Il reste, cependant, les pieds de gerbe, la base des arcs qui forment les 4 angles de la croisée. Deux équipes de 8 ouvriers se relaient chaque jour de 6 heures à 23 heures pour agir le plus rapidement possible. Le 24 novembre 2020, un diagnostic est fait pour évaluer l’état du chantier et passer à l’étape de rénovation une fois la sécurisation assurée.

Réinventer Notre-Dame : la flèche et des découvertes

 

Reproduire la flèche 

 

La symbolique de la cathédrale repose sur la flèche que des charpentiers de l’Eure et de Lorraine reconstituent de la manière la plus fidèle possible, au millimètre près. C’est en automne 2022 que la collaboration de 4 entreprises, habituellement concurrentes, débute pour ce projet sans pareil. 1200 des plus beaux chênes de France sont minutieusement sélectionnés, aucun défaut ne leur est accordé, seule la perfection suffit pour la Grande Dame

En janvier 2023, les premières poutres sur lesquelles reposera la flèche sont découpées, avec pour modèle, les croquis officiels de Viollet-le-Duc. Du piquage au lignage, les charpentiers utilisent les mêmes techniques que leurs prédécesseurs, presque deux siècles plus tard. Le tabouret, la structure sur laquelle repose la flèche, est soumis à un montage à blanc qui permet de s’assurer des dimensions de l’ossature. Le 11 avril, les 110 pièces du tabouret sont placées sur Notre-Dame. 

 

Chercher et sauver les œuvres

 

Dans la tristesse de cette catastrophe, les chercheurs ne pouvaient retenir leur enthousiasme lorsque des débris ont été récupérés et qu’aussi bien les pierres du XIIIème que du XIXème siècle pouvaient enfin être examinées. Ces marques de l’histoire architecturale, enfin à leur portée, sont de véritables trésors patrimoniaux. 

Une des premières surprises était l’utilisation d’agrafes. Pouvant atteindre les 50 centimètres, des agrafes sont retrouvées dans les pierres de la nef, des colonnes du chœur, des murs des tribunes. 

 

Les 16 sculptures de la flèche, 12 apôtres et les 4 évangélistes, avaient échappé au sort de leur hôte. La flèche étant en rénovation au moment des faits, ils avaient tout simplement été retirés. Le coq positionné au bout de l’aiguille avait été retrouvé et récupérera sa place dans les nuages dès la réouverture. Quant aux vitraux et aux 8000 tuyaux de l’orgue, ils ne sont soumis qu’à une remise en beauté plus que méritée avant de retrouver leurs places respectives dès la restauration finie.

Le jour funeste qu’était le 15 avril 2019 a fait battre à l’unisson les cœurs du monde entier et les a rassemblé face à l’adversité. Des pompiers aux ouvriers, qui façonnent les différentes parties de Notre Dame de Paris, un travail acharné a été mis en œuvre pour sauver cette dernière. 

En 2024, la cathédrale devrait pouvoir rouvrir ses portes aux millions de visiteurs qui attendent avec impatience. Perle du patrimoine historique, non seulement français mais mondial, Notre-Dame nous aura montré qu’il lui en faut bien plus pour l’abattre.

Océane Mansoukina